Le supporter devient désormais spectateur

« Assis toi, consomme, mais surtout tais-toi », c’est le slogan qui peut ressortir de certains directions de club vis-à-vis de leurs supporters. Tantôt cela concerne la politique du club, tantôt l’ambiance qu’il peut régner dans le stade.

Pour le premier critère, le dirigeant lambda rapportera que le supporter doit rester dans son rôle et ne pas s’occuper des affaires qui ne le regardent pas. Alors que, bizarrement, les supporters ont le droit légitime d’avoir un avis sur la politique de leur club. C’est comme si vous achetiez un produit dans un magasin et que celui s’avère défectueux. Vous allez rester là sans rien dire ou vous allez au Service Après Vente pour demander remboursement ou réparation ?

Mais mon propos s’intéresse plus ici au second critère. On a vécu pendant quelques décennies de sacrées ambiances dans certains stades de l’hexagone. L’exemple type du changement, c’est le club du Paris Saint Germain. Avant l’ère Qatari, le club de la capitale avait un Parc des Princes bouillant, désormais ça ressemble plus à un match de tennis où chaque bruit dans le public est reprimandé. De plus, à partir de maintenant, aller voir un match de football ressemble à du luxe. Cette politique de « sélection » dans les tribunes amène un nouveau constat. Si les supporters locaux ne sont pas bruyants, il faut que les autres ne le soient pas non plus. De ce fait, le prix d’une place pour aller voir un match au Parc des Princes en parcage visiteurs s’envole et atteint la somme de 45 € (au lieu de 15 € environ dans les autres stades de L1). Une bonne solution pour faire fuir les supporters adverses…

On se dirige avec l’Euro 2016 et l’éclosion de plusieurs nouveaux stades à de plus en plus de cas similaires à celui du Parc des Princes. Le stade Pierre Mauroy de Lille est dans les mêmes tons avec une place en parcage visiteurs à 35 €. Quand on connait le système de jeu Lillois mis en place cette année, cela ne donne pas très envie de se déplacer.

Les chants, les écharpes tendues, les fumigènes (même si c’est interdit), ça fait partie de la tradition du football. Une tradition qui se perd et qui se laisse place petit à petit à un « spectacle » sans âme. Je mets le spectacle entre guillemets car quand on regarde un Lille – Nice qui se conclut par un 0-0 avec comme meilleure action une transversale de Grégoire Puel qui arrive en touche dans les pieds de son père, je n’appelle pas ça du spectacle.